Par Philippe GAILLARD – Coach et facilitateur, superviseur
Fondateur du cabinet de conseil en management « Gaillard Conseil » à Saintes : gaillard-conseil.com
Un CoDir est efficace à condition que le dirigeant mène la danse, transmette sa vision et libère l’intelligence collective au profit de l’organisation.
CoDir… à l’évocation de ce terme surviennent très souvent de nombreux fantasmes. Pourtant, il s’agit avant tout d’une réunion de travail ‘’entre chefs’’, une instance décisionnaire dont le rôle est essentiel dans la stratégie de l’entreprise en question.
C’est une étape très importante dans la vie d’une entreprise, une étape qui n’est d’ailleurs pas réservée aux seuls grands groupes. Cet outil est généralement mis en place dès lors que l’organisation interne se complexifie et qu’une seule personne ne suffit plus. La croissance d’une société peut-elle ne dépendre que d’une seule personne ? Mais là n’est pas le sujet.
Le CoDir peut permettre d’instaurer une dynamique et s’avérer être un véritable remède à la solitude du dirigeant qui partage alors les décisions, tout en incarnant un message positif pour les salariés qui sentent une forme de cohérence, d’union.
Pour autant, personne n’est à l’abri de l’ennui ou de l’inefficacité.
Bon nombre d’écueils sont à éviter si l’on veut rendre son CoDir aussi efficient qu’il peut l’être. Citons-en quelques-uns, pêle-mêle :
– Si les questions sont mal définies ou l’assistance mal préparée.
– Les erreurs de castings peuvent s’avérer fatales. Un CoDir n’est pas là pour récompenser tel ou tel collaborateur. Puisqu’il s’agit d’une instance où se partage la prise de décision, mieux vaut éviter de prendre quelqu’un qui ne sera pas au niveau.
– Respecter l’ordre du jour est également un impondérable.
– En outre, il ne faut certainement pas profiter du CoDir pour discuter des affaires courantes.
– Et puis éviter les approches trop thématiques, clivantes et leur préférer l’horizontalité, la considération de chaque service. Trop de verticalité serait une erreur. Si l’on joue la carte de la collégialité, on la joue à fond.
Les symptômes non exhaustifs d’un CoDir inefficaces, nécessitant que l’alarme soit rapidement sonnée, peuvent être les suivants :
– Si les sujets ’’difficiles’’ ou ‘’à risque’’ sont systématiquement et consciencieusement évités, sans cesse remis à plus tard (et les stratégies mises en place peuvent être diablement efficaces dans ce cadre-ci),
– Si se mettent à fleurir à tout va pléthore de dispositifs technocratiques, de contrôle, de structures matricielles en tous genres et que la pérennité de l’entreprise est menacée par une complexification incessante de son organisation,
– Si les membres du CoDir ne semblent pas prendre en compte la synergie qui doit coexister avec leurs propres fonctions, l’approche globale de l’entreprise et ne parler qu’au nom de leurs fonctions,
– Si, comme énoncé plus haut, l’ordre du jour laisse la part belle au court terme, reléguant au second rang (voire davantage) la dynamique collective et les perspectives stratégiques inhérentes au CoDir,
– Si les différents directeurs n’assument pas les décisions prises en CoDir, la vision de ce dernier, et prennent leur distance à grands renforts de mises à distance de type ‘’Le CoDir a décidé que’’…
Déjouer les pièges, fédérer, se préserver… : un coaching sur-mesure
Face aux pressions, aux attaques plus ou moins conscientes que peut recevoir un CoDir, il apparaît essentiel que ce dernier apprenne à prendre soin de lui, non seulement concernant la bonne conduite des projets stratégiques définis en son sein, mais également d’un point de vue systémique. Ici, les relations sont pointées du doigt et leur qualité est inhérente à la fluidité du partage d’information, à la coopération entre les différents acteurs, au partage de la même vision stratégique.
Il faut absolument que le CoDir soit en capacité de se sauvegarder en limitant au maximum les pertes d’énergies.
A cette fin, un coaching peut s’avérer indispensable, et ce pour plusieurs objectifs :
– Développer les synergies et la coopération afin de conduire et d’accompagner le changement et, ainsi, donner au CoDir un rayonnement qui fera de lui l’exemple à suivre pour toute l’entreprise dans sa capacité à penser, innover, se remettre en question.
– Optimiser la réactivité et l’entraide afin d’améliorer les relations, le fonctionnement du collectif.
– Travailler l’horizontalité et développer le sentiment de co-responsabilité dans le seul but de bâtir ensemble une vision stratégique partagée.
– Rationnaliser la gestion du temps collectif, la dynamiser…
Être coaché n’est pas un signe d’échec pour le dirigeant. Les coachs sportifs en sont le meilleur exemple. Pour gagner en efficacité, il faut muscler son jeu et nul ne saurait être omnipotent. Bien heureusement.
Le coaching va permettre de se poser, de profiter d’une bulle de temps nécessaire afin de réfléchir sereinement, de prendre du recul. Un recul inévitable si le dirigeant et toutes les personnes concernées par le coaching souhaitent comprendre les enjeux, les raisons des difficultés rencontrées dans le cadre du CoDir. C’est l’occasion de construire des réponses pertinentes, réfléchies à une forme d’instabilité qui a progressivement pris trop de place dans la vie de l’entreprise. Dans tous les cas, le coach aura à cœur d’accompagner les personnes concernées à trouver leurs solutions.
Au sein du CoDir, chacun doit pouvoir développer son propre potentiel et participer à la performance du groupe. Chaque membre doit être en mesure de se situer par rapport aux autres en lien avec sa fonction et en déduire son plan de progrès personnel. Le collectif, quant à lui, se doit de réfléchir à ses axes d’amélioration en fonction des stratégies de développement qu’il souhaite mener à bien.
Finalement, le CoDir ‘’idéal’’ devrait avoir un fonctionnement proche d’un jazz band. Chacun est en mesure d’improviser dans son domaine, tout en restant en lien avec les autres, en harmonie avec la ligne mélodique, sécurisé de savoir les autres membres tenir le rythme, coûte que coûte. Il revient au dirigeant de définir et de faire respecter quelques règles du jeu indissociable du CoDir. Un langage commun, des valeurs partagées.
C’est un travail important, fédérateur, qui demande l’investissement de tous.